Hot House
Harold Pinter
Où sommes-nous ? Dans une maison de repos ?
Un asile ? Un hôpital ? Une prison ? Un camp ?
En tout cas dans un lieu d'enfermement qui ressemble à tout cela à la fois avec sa hiérarchie implacable, ses règles angoissantes, et ses « résidents » désignés anonymement par des numéros.
C'est jour de Noël et voilà que le directeur de l'établissement, Monsieur Roote, un homme pointilleux et scrupuleux au-delà du raisonnable, se retrouve avec un mort – un meurtre ? - et une naissance – un viol ? - sur les bras. L'affaire a eu lieu chez les résidents, malgré le système de surveillance! Comment cela est-il possible ? Le directeur exige de Gibbs, son ambitieux subordonné, une enquête et il veut connaître tous les détails, toujours plus de détails, tant de détails qu'à la fin tout va à l'eau et se dérègle au plus haut point.
Avec ce texte qui date de 1958, Harold Pinter (1930-2008), prix Nobel de littérature en 2005, considéré comme la figure la plus illustre du théâtre anglais de la seconde moitié du XXe siècle, nous livre de façon sournoise et dans son style inimitable, une extraordinaire métaphore sur le danger de la déshumanisation, l'aveuglement d'un système, la veulerie de la soumission et l'hypocrisie de l'adulation, en un mot sur les dérives du pouvoir et les rapports de force.
Le théâtre de Harold Pinter commence souvent de façon anodine pour devenir rapidement menaçant et absurde. Les dialogues basculent de manière inattendue ; les masques des convenances sociales tombent, les êtres, livrés à eux-mêmes ou aux autres, révèlent une faille ou une étrangeté qui devient un jeu de stratégie et de domination physique, psychologique et sexuelle. Le « dialogue pintérien » est devenu une expression qui désigne tout échange de propos apparemment vides de sens, mais où couvent tantôt de sourdes tensions, sinon de véritables luttes à mort, tantôt des désirs larvés. Le vrai, le faux, la coupure radicale entre l'être et le dire, se télescopent sans pouvoir être démêlés. Ce double registre entre le dit et le non-dit, ce no man's land constitue un territoire d'exploration pour dire la cruauté qui se cache au cœur de nos sociétés policées.
De Harold Pinter
Mise en scène : Marcel Delval
Avec : Patrick Brull, Olivia Carrère, Pascal Racan, Dominique Rongvaux, Nicole Valberg, Vincent Van Laethem.
Scénographie : Didier Payen
Lumière : Alain Prévôt
Son : Eric Ronsse
Costumes : Odile Dubucq
Maquillage : Patricia Timmermans
Accessoires : Johanna Daenen
Assistanat à la mise en scène : Thibaut Wenger
TRADUCTION : Eric Kahane - ED. et AGENT THEÂTRAL : L'Arche Editeur.
Un spectacle du Théâtre VARIA, avec le soutien de la Commission Communautaire française (COCOF), dans le cadre du fonds d'acteurs.